Suivi de conjoint (suite)

Publié le par lebaldescingles.over-blog.com

L’installation.

Attention, ça va être long!

Nous voilà donc parties, la petite voiture pleine du merdier qui ne logeait pas dans le camion,  ma fille, la  chienne dépressive qui, après avoir fait le point avec elle-même, avait décidé de se laisser doucement mourir de soif et moi.

Devant nous,  800 km à parcourir…. à 80 à l’heure (vitesse de pointe de ma voiture) ….sur l’autoroute du sud…..

A l'arrière, le chien agonisait en soupirant bruyamment.

On a tout fait sans s’arrêter ou presque et je ne sais pas encore comment on a pu survivre (le chien compris) à cette épopée.

Il a fallu ensuite prendre possession des lieux mais il faut avouer que les conditions étaient très favorables : c’était le mois d’août et il faisait chaud, très chaud. Ca respirait les vacances : les grillons, le soleil, des odeurs de lavande et de laurier et de peau dorée. L’endroit était simplement merveilleux, les fruits énormes et gavés de sucre…..(Ca fait envie non ?)

En un mot, on était bien. On savait que ces vacances-là allaient durer et ça semblait être un rêve. Le soleil nous engourdissait les neurones et les paysages somptueux nous hypnotisaient. Pour une contemplative de mon genre, c’est juste le pied ! Je me suis laissée doucement porter jusqu’au mois de septembre.

C’est là que ça c’est corsé à nouveau : j’ai dû rentrer pour finir mon préavis. J’ai donc laissé ma fille avec son père.

 Et je me suis retrouvée seule dans ma ville natale.

J’entends encore parfois, les soirs de plein lune, le bruit sec qu’à fait mon cœur en se déchirant ce jour-là.

Terrifiant !

Le mois suivant a été très étrange : j’étais quelque part entre 2 mondes, abritée par mes parents comme une jeune fille, avec pour seules affaires le contenu de mon sac de voyage. Je n’étais plus vraiment là et pas encore là-bas, comme coincée dans un autre espace-temps.

J’avais ma fille tous les soirs au téléphone, en larmes, perdue. Elle ne maîtrisait aucun code et se retrouvait seule dans la cours. Elle voulait rentrer. Elle se disait prête à nous quitter et vivre en internat  pour ça; elle refusait de rester là-bas plus longtemps, mem'expliquait qu’elle allait mourir…

Et moi ?

Ben je me couchais par terre comme une pauvre chose terrassée quand nous finissions nos conversations. J’essayais d’entendre tout ce qu’elle me disait pour ne pas passer à côté de sa souffrance et de trouver des mots pour l’aider à affronter les choses et.... je m’effondrais comme une larve, me dissolvais dès qu’elle raccrochait.

Je n’étais plus qu’un doute sur pattes…

Alors, jai fini par trouver l’idée du siècle : je lui ai promis de lui ramener un chaton.

On passait donc nos soirées à chercher secrètement l’animal parfait sur le bon coin.

 Je ne sais pas si je l’ai dit mais j’ai une dalmatienne de 8 ans qui était à l’époque ,à priori, assez hostile à toute idée d'introduction d'un félidé sur son territoire.

Je suis terriblement allergique aux chats bien sûr (les acariens et les chats).

Bref, c’était une excellente idée !

 Dans la journée je travaillais, et tous les jours, quittais quelqu’un que j’aimais. Je voulais rejoindre ma fille et son père mais n’avais pas assez de temps pour dire au revoir à tous ceux qui comptaient pour moi : ma famille, mon chef parfait (et oui, j’avais enfin trouvé un chef parfait, respectueux, drôle, courageux, hyper compétent, attentif et content de moi je crois….), mes collègues (des gens anormalement biens), mes amis, ma troupe de théâtre, la pièce de théâtre que nous étions en train de jouer… Et tous m’organisaient des trucs adorables avec des cadeaux et des mots atrocement touchants.

J’ai pas pleuré.

En public…

Et j'ai fini le mois totalement vidée, essorée…

J’ai enfin retrouvé les miens après 8 heures de train et 2 changements, lestée de 3 sacs énormes et  d’un chaton terrorisé.

Amusant !

Bon le chien a accepté de tolérer le chat quand il a compris qu’il n’avait pas le choix mais je crois que ça la surprend elle-même encore un peu. Le chat a failli mourir au bout de quelques jours d’une infection. Mais tout le monde est sur pattes et ma fille va bien, vraiment bien (je crois… enfin j’espère…bon, je surveille quand même, on sait jamais !)

Après sont venues la fatigue, le silence, les migraines de stress (savais pas que ça existait ça !), les journées vides de tout, le vent, l’hiver, les angoisses, le manque.

Mais, je vais passer, c’est pas très gai.

Aujourd’hui je suis là, quelque part, dans un état étrange : je suis  ici chez moi et je ne veux plus repartir. Depuis le premier jour, je me sens bien là. Mais je n’ai pas encore de place; je suis encore comme en suspension, dans l’attente.

Je commence à lâcher prise, je commence à profiter du temps. Mais bon sang, ça aura été dur.

C’était long et je doute que qui que ce soit aille au bout de cette chose, si tant est que quelqu’un ouvre la page. Mais j’avais envie de raconter ça en une fois, pour ne plus en parler ensuite.

Voilà, c’est fait.

Publié dans Au jour le jour

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